dimanche 15 juin 2014

Chronique : Les gens heureux lisent et boivent du café (Agnès Martin-Lugand)


Résumé

"Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier. [...] J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux." 

Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l'exception de son coeur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l'existence. C'est peut-être en foulant la terre d'Irlande, où elle s'exile, qu'elle apercevra la lumière au bout du tunnel. 

Mon avis

Ici, on entre tout de suite dans le feu de l'action : Diane nous raconte l'accident, comment elle aurait pu mourir aussi si elle avait choisi de monter dans le voiture, et sa vie d'aujourd'hui, morne et triste. Un an après le drame, elle n'arrive pas à tourner la page, et vit toujours dans le souvenir de sa famille. Ses parents et son meilleur ami, Félix, tentent bien de l'aider, mais c'est peine perdue. 

Et puis, un jour, Diane décide de se reprendre en main. Puisqu'elle ne peut pas avancer dans leur appartement, elle partira. Loin. L'Irlande, pays qui avait toujours fait rêver son mari. Arrivera-t-elle à se débrouiller, seule, "au pays des joueurs de rugby mangeurs de moutons" ?

Cette lecture m'a fait passer par différents états. D'abord, la tristesse, devant le mauvais sort qui a touché Diane et l'a faite veuve si jeune. La voir errer dans son ancienne vie, ne pas arriver à lâcher prise, est assez dur. Ensuite, la curiosité, celle de voir comment son séjour en Irlande allait se passer. Et puis, une grande lassitude s'est abattue sur moi (attention, je spoile un peu) : là-bas, elle rencontre bien évidemment un homme, qu'elle déteste au premier abord, et qui est en fait n'est pas si méchant, il a juste été blessé par la vie, et patati et patata. Ce ressort romantique, utilisé un milliard de fois, m'a fait l'effet d'une douche froide (j'aurais presque pu faire la blague de la douche écossaise, si elle avait choisi ce pays pour son escapade).

Heureusement, la fin m'a agréablement surprise : pour une fois, ça change. L'autrice, au lieu de se vautrer dans quelque chose de convenu (pourtant, c'était bien parti pour), arrive à écrire une fin intéressante et mettant en valeur son héroïne plutôt que le "prince charmant". 

C'est un roman très touchant, qui aborde les thèmes du deuil et de l'exil avec beaucoup de réussite. Très court, il se lit rapidement et permet d'entrevoir qu'après tout, il est possible de se reconstruire et d'aller de l'avant quand on a tout perdu. 


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