vendredi 25 août 2017

Chronique : La femme gelée (Annie Ernaux)


Résumé

Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme. 

Mon avis

Ce n'est pas mon premier Annie Ernaux. Mais c'est un de ceux dont j'entends le plus souvent parler. Toujours par des féministes, pour qui cette lecture a pu être "le déclic", celui qui nous fait basculer du côté obscur de la force. Je comprends maintenant pourquoi.

Nous suivons ici la vie de la narratrice, depuis son enfance dans la région de Rouen, jusqu'à la trentaine, à Annecy. Ses parents ne forment pas un couple classique pour l'époque. Maman tient l'épicerie familiale pendant que Papa vient la chercher à l'école et fait la popote. Un schéma inhabituel, qui lui vaudra de plus en plus de moqueries. Pourtant, pour elle, c'est la normalité. Elle est ce qu'on appelle à tort "un garçon manqué".

En grandissant, elle veut à tout prix faire de longues études, avoir un métier, et ne pas devenir comme toutes ces filles qu'on voit se marier, faire des enfants, et disparaître de la circulation. Elle, elle ne tombera pas dans le piège. En plus, elle ne sait même pas cuisiner, tout juste réaliser une mousse au chocolat !

Pourtant, elle finit par rencontrer "le bon", et après plusieurs mois de fréquentations, eh bien, ce qui devait arriver arriva. Le mariage, le premier enfant, et tout doucement la chute vers tout ce qu'elle détestait, méprisait. Réviser le CAPES entre deux couches, préparer le repas pour Monsieur qui rentre midi et soir et qui, lui, "travaille".

Une phrase m'a particulièrement marquée. La narratrice parle de sa vie en ces termes :  « Toute mon histoire de femme est celle d’un escalier qu’on descend en renâclant ».

J'ai mis un mois à lire ce roman, pourtant court. Le style Ernaux, cette fois-ci, m'a gênée dans ma lecture. Phrases longues, syntaxe absente, métaphores pas toujours compréhensibles du premier coup. Pourtant, l'histoire de cette femme, et des femmes en général, a fini par me happer. Sûrement parce que j'y trouve un écho personnel, difficile à évite.

Je vais avoir besoin d'une lecture un peu plus légère dans les jours à venir !
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